Allahou akbar ! la ilaha illallah ! allahou akbar walillahil hamd !
Allahou akbar kabîrâ walhamdoulillâhi kathîrâ wa soubhânallahi boukratan wa athîlâ (formule à répéter plusieurs fois lors des deux sermons)
Louange à Allah ! Nous Le louons, cherchons secours auprès de Lui et sollicitons son pardon. Nous nous réfugions auprès d’Allah contre nos mauvais penchants et nos mauvaises actions. Quiconque est guidé par Allah, rien ne pourra l’égarer et quiconque est abandonné par Allah, rien ne pourra le guider. Nous attestons qu’il n’y a de divinité qu’Allah sans associé et nous attestons que Mouhammad (PSL) est son serviteur et dernier envoyé à toute l’humanité. Nous sommes reconnaissants à Notre Seigneur qui nous a donnés des bienfaits inestimables dont l’exemple du prophète Ibrâhîm et de son fils Ismail ainsi que la fête du sacrifice.
Serviteurs d’Allah !
Partout dans le monde, les peuples ont trouvé des moments où ils célèbrent des fêtes populaires dont l’importance se comprend à travers leur histoire, leurs mythologies, etc. Dans le processus de changements profonds que l’Islam va apporter, figure cette remise en cause de la légitimité des fêtes sacrées. C’est ainsi qu’à son arrivée à Médine, le prophète opéra une substitution montrant que désormais, deux fêtes revêtent un caractère sacré. A ce propos, le prophète dit : « Vous aviez l’habitude de fêter deux jours. Allah vous a donnés en échange mieux que cela ; le jour de la rupture (du jeûne) et le jour du sacrifice. » (Abou daoud)
Serviteurs d’Allah !
La fête du sacrifice met au centre de la spiritualité islamique la fidélité aux principes cardinaux de tawhid, d’obéissance aux commandements d’Allah, contre ses propres penchants, de belle persévérance sabr face aux épreuves, et d’une haute conscience de la présence d’Allah, Ihsân. C’est dire que ce sacrifice est une belle illustration du respect scrupuleux de l’alliance entre Allah et son serviteur telle qu’enseignée par l’Islam et qui est bâtie sur deux piliers, à savoir : écouter et obéir à Allah.
Cette fête du sacrifice est instituée par Allah et le prophète a montré dans sa sounnah comment la célébrer. Elle rompt avec les autres fêtes qui célèbrent des spécificités nationales, ethniques, etc. en ce qu’elle véhicule des valeurs universelles et immortelles que toute l’humanité doit s’approprier pour trouver le chemin du salut. Ce n’est pas par hasard, que l’artisan premier de ce haut fait spirituel, le prophète Ibrâhîm a mérité les noms d’ami de Dieu (khalîloullah), de guide spirituel pour l’humanité (Imam), et même de Oummah.
Serviteur d’Allah !
Le commandement du sacrifice de son fils que le prophète Ibrâhîm reçoit en plein songe est pourrait-on dire, le couronnement d’un parcours ô combien exemplaire. Depuis le bas âge, il cherche Allah et finit par avoir la certitude de son existence et de son unicité. Dès lors, il ne laisse aucun répit à son peuple profondément païen et dont l’un des représentants les plus actifs en la matière était son père. Il choisit le plus difficile, c'est-à-dire de confondre son peuple à l’aide d’arguments décisifs sur la vanité du culte qu’il rendait à de fausses divinités : « En effet, Nous avons mis auparavant Abraham sur le droit chemin. Et Nous en avions bonne connaissance. 52. Quand il dit à son père et à son peuple : "Que sont ces statues auxquelles vous vous attachez ?". 53. Ils dirent : "Nous avons trouvé nos ancêtres les adorant". 54. Il dit : "Certainement, vous avez été, vous et vos ancêtres, dans un égarement évident"». (S21, V51)
Pour comprendre la signification et les leçons de spiritualité à tirer de la fête du sacrifice, il convient de redécouvrir le récit qu’en fait le Coran. C’est à un moment critique de sa vie, en âge avancé, alors qu’il était resté longtemps sans enfant, qu’Allah lui intime le commandement de sacrifier ce fils si magnanime : «Nous lui fîmes donc la bonne annonce d'un garçon (Ismaïl) longanime. 102. Puis quand celui-ci fut en âge de l'accompagner, [Abraham] dit : "Ô mon fils, je me vois en songe en train de t'immoler. Vois donc ce que tu en penses". (Ismaël) dit : "Ô mon cher père, fais ce qui t'es commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Dieu, du nombre des endurants". » (S37, 101-102)
Après s’être assuré que la vision était bien une révélation divine, il annonce la nouvelle à son fils qui fit montre d’une attitude exemplaire de persévérance (sabr) : « "Ô mon cher père, fais ce qui t'es commandé : tu me trouveras, s'il plaît à Dieu, du nombre des endurants"»
Ce n’est pas par hasard que la suite du verset bascule dans le duel pour montrer la communauté de foi qui unit ce père et ce fils dans l’obéissance et la soumission en toute confiance à Allah. Le reste du récit montre comment le prophète Ibrâhîm prouve la véracité de sa foi : « Puis quand tous deux se furent soumis (à l'ordre de Dieu) et qu'il l'eut jeté sur le front, 104. voilà que Nous l'appelâmes "Abraham ! 105. Tu as confirmé la vision. C'est ainsi que Nous récompensons les bienfaisants". 106. C'était là certes, l'épreuve manifeste. 107. Et Nous le rançonnâmes d'une immolation généreuse. 108. Et Nous perpétuâmes son renom dans la postérité : "Paix sur Abraham". 110. Ainsi récompensons-Nous les bienfaisants; 111. car il était de Nos serviteurs croyants.» (S37, V104-111)
Il est parti résolument au lieu du sacrifice, lançant des pierres à Satan qui, par des apparitions furtives, a tout fait pour le dissuader de faire son devoir de croyant.
Serviteurs d’Allah !
Ce récit montre aussi qu’après soumission et obéissance vient la véritable paix, cette quiétude d’ordre spirituel qu’éprouve le croyant qui se sent proche de Dieu par l’accomplissement de son commandement. Tout ceci, en droite ligne des enseignements du hadith qudsy : « Celui qui s’en prend à l’un de Mes alliés, Je lui déclare la guerre. Et Mon serviteur se rapproche de Moi en s’acquittant de ce que Je lui ai prescrit. Et Mon serviteur ne cesse de se rapprocher de Moi par les actes surérogatoires jusqu’à ce que Je l’aime. Au moment où Je l’aime, Je suis son oreille avec laquelle il entend, son oeil avec lequel il voit, sa main par laquelle il prend, son pied par lequel il marche. S’il Me demande, je lui donne. S’il cherche refuge, Je lui accorde refuge… »
Parmi les pratiques recommandées de cette fête, la déclamation de la grandeur d’Allah, à commencer du début du mois de zul hidja jusqu’au troisième jour après le jour du sacrifice notamment après les prières obligatoires. Cette déclamation se fait à travers des formules instituées comme « Allâhou akbar, Allâhou akba, lâ ilâha illallah, wallâhou akbar, allâhou akbar, walillâhil hamd ». Il est recommandé aux hommes de psalmodier à haute voix ces formules à domicile, dans les rues, dans les marchés en guise d’adoration d’Allah et de reconnaissance pour Ses bienfaits.
Serviteurs d’Allah !
L’accomplissement de la prière communautaire dans un lieu spacieux et propre en dehors des habitations constitue un acte majeur de la fête. C’est vraiment une prière communautaire au sens où tout le monde est encouragé à y participer, hommes, femmes et enfants. Du temps du prophète, même les femmes en état d’impureté rituelle venaient au lieu de prière et écoutaient le sermon, donnaient de l’aumône, etc.
Une autre règle de bienséance liée au jour de la fête de rupture du jeûne est liée aux aspects de propreté rituelle, d’hygiène corporelle et de beauté vestimentaire. Chacun se doit de faire le grand lavage (ghousl), de porter ses plus beaux habits pas forcément neufs, de couleur blanche comme premier choix, et de se parfumer. Le tout en évitant l’ostentation et le superflu. Dans ses conseils immortalisés par le Coran, Luqman dit à son fils : « Ô mon enfant, accomplis la Salat, commande le convenable, interdis le blâmable et endure ce qui t'arrive avec patience. Telle est la résolution à prendre dans toute entreprise ! 18. Et ne détourne pas ton visage des hommes, et ne foule pas la terre avec arrogance : car Dieu n'aime pas le présomptueux plein de gloriole. 19. Sois modeste dans ta démarche, et baisse ta voix, car la plus détestée des voix, c'est bien la voix des ânes". » (S31, V17-19)
Dans le même registre, un autre verset dit : « Ô enfants d'Adam, dans chaque lieu de Salat portez votre parure (vos habits). Et mangez et buvez; et ne commettez pas d'excès, car Il [Dieu] n'aime pas ceux qui commettent des excès. 32. Dis : "Qui a interdit la parure de Dieu, qu'Il a produite pour Ses serviteurs, ainsi que les bonnes nourritures ?" Dis : "Elles sont destinées à ceux qui ont la foi, dans cette vie, et exclusivement à eux au Jour de la Résurrection." Ainsi exposons-Nous clairement les versets pour les gens qui savent. » (S7, V31-32)
Louange à Allah ! Que Sa bénédiction et Ses salutations soient sur le prophète.
Serviteurs d’Allah !
Contrairement à ce qui se fait pour la fête de rupture du jeûne, où le serviteur mange quelque chose avant d’aller à la prière, pour le matin de la fête du sacrifice, il est recommandé de s’abstenir de toute nourriture. C’est au retour de la prière que le prophète dégustait une partie du foie de la bête immolée. Ensuite on se rend à la place de la prière pour la célébrer en communauté et écouter le sermon de l’Imam. Après la prière, il est licite de se congratuler, de se faire des vœux et de se demander mutuellement pardon.
La déclamation des formules mentionnées avant prend fin à l’arrivée de l’Imam. Celui-ci va diriger la prière qui ne comporte ni appel ni rappel. Contrairement au vendredi, pour cette prière, l’Imam commence par le sermon et clôture avec une prière de deux unités (Rak’ah). La récitation se fait à haute voix et il s’inspire de la pratique du prophète en choisissant les sourates que ce dernier avait coutume de réciter en cette occasion comme la sourate « Sabbih » (S87) à la première unité de prière et « ghâchiyah » (S88) à la deuxième.
Serviteurs d’Allah !
Un autre acte majeur de la fête du sacrifice réside dans l’accomplissement du sacrifice en tant que tel. L’Imam immole une bête de préférence de la famille des ovidés et les autres font de même à sa suite. Il n’est permis ni d’immoler avant la prière ni avant l’Imam. Jusqu’au troisième jour, ceux qui n’ont pas pu trouver quoi sacrifier le premier jour de la fête correspondant au dixième jour du mois de zul hdjah ont la possibilité de le faire. Dans cette même optique de lever les contraintes, le serviteur peut immoler une bête non pas selon ce que la loi canonique a institué en priorité mais selon ce qui est disponible et licite.
Il importe d’éviter toute forme d’ostentation qui passe par exemple chez certaines personnes, par l’exposition de bêtes à immoler au devant des portes des domiciles au regard des gens. Des comportements de ce genre sont en porte à faux avec l’humilité et la recherche de l’agrément qui font partie des enseignements de la fête du sacrifice : « Ni leurs chairs ni leurs sangs n'atteindront Dieu, mais ce qui L'atteint de votre part c'est la piété. Ainsi vous les a-t-Il assujettis afin que vous proclamiez la grandeur de Dieu, pour vous avoir mis sue le droit chemin. Et annonce la bonne nouvelle aux bienfaisants. » (S22, V37)
L’Imam répète fréquemment durant le sermon, les formules de déclamation de la grandeur d’Allah et de Sa louange mentionnées plus haut. Il est recommandé, dans la mesure du possible, de prendre un chemin de retour différent de l’aller pour bénéficier du témoignage de tout ce tes pas ont foulé le jour de la résurrection. Au retour à la maison, il convient de susciter une ambiance de réjouissance. Dans ce cadre, il est bon d’améliorer le repas, de disposer de boisson délicieuse, de laisser les gens chanter, d’inviter des amis, etc. Le tout dans le licite.
Seigneur ! Aide-nous à méditer le récit du sacrifice et à te rester fidèle par l’écoute et l’obéissance.
Seigneur ! Compte-nous parmi Tes serviteurs qui célèbrent la fête du sacrifice comme tu l’agrées.